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COMMEMORATION DU CENTENAIRE DE NELSON MANDELA ET ALBERTINA SISULU

A L’UNESCO- 22 JUIN 2018

  

A l’occasion des célébrations du centenaire de Nelson Mandela et d’Albertina Sisulu, l’Ambassade d’Afrique du Sud à Paris a voulu rendre hommage à ces deux héros de la lutte anti-apartheid en organisant, le vendredi 22 juin au siège de l’UNESCO à Paris, une conférence et la projection du film « Un Long Chemin vers la Liberté ».

Dans le discours qu’il a prononcé à l’UNESCO, l’Ambassadeur de la République d’Afrique du Sud en France, S.E. Rapu Molekane, a rappelé le destin exceptionnel de ces deux personnages et, en particulier, celui de Mama Sisulu moins connu peut-être du grand public.

« C’est avec beaucoup d’humilité et de modestie que je m‘adresse à vous aujourd’hui pour évoquer ces deux géants de notre révolution : Mama Albertina Sisulu et Tata Nelson Rolihlahla Mandela. Si ces deux piliers de la lutte anti-apartheid étaient encore en vie, ils auraient eu 100 ans dans quelques semaines.

De manière fort à propos, le parti au pouvoir, le Congrès National African (ANC), a déclaré 2018 « année Mama Sisulu et Tata Mandela » afin de rendre hommage aux rôles qu’ils ont joué, aux sacrifices auxquels ils ont consenti avec dévouement, à l’influence qu’ils ont eu et, enfin, à leur contribution à l’humanité toute entière. Leur vie a couvert une période qui a commencé en 1918 pour se terminer 95 ans plus tard pour Nelson Mandela et 94 ans plus tard pour Mama Sisulu puisqu’elle est décédée peu de temps avant son 95e anniversaire en 2013, année où nous a quittés Mandela. La signification, l’impact et l’influence de leur vie bien remplie continuera à servir de phare aux générations à venir.

Parler de leur vie revient à évoquer le passé, mais aussi le présent et l’avenir et notamment de la société à laquelle nous rêvons.

Je dois préciser dès le départ que ces deux icônes sont des purs produits de l’ANC et que leur vie est intimement mêlée au destin du Congrès National Africain. Je précise cela car il est devenu courant d’essayer de raconter leur vie en les dissociant de l’ANC et, dans notre pays ou ailleurs, de les utiliser au profit d’ambitions personnelles. En disant cela, je ne veux pas dire qu’ils n’appartiennent pas à l’humanité toute entière. Assurément, nous en avons fait cadeau au monde mais, il ne faudrait pas oublier qu’ils furent les produits et les membres de l’ANC jusqu’à leur dernier souffle.

De qui parlons-nous aujourd’hui ? Qui sont ces géants ? Permettez-moi de commencer par Mama Sisulu. Cette femme de courage, cette combattante sans peur, championne des droits de la femme et de la démocratie, est née le 21 octobre 1918 dans la région de Tsomo, au Transkei, Cap Oriental. Orpheline à l’âge de 15 ans, et seconde d’une famille de cinq enfants, elle dût s’occuper de ses quatre frères et sœurs. Elle voulait être professeur, mais finit par devenir infirmière car la formation d’infirmière lui procurait des revenus dont elle avait besoin pour continuer à nourrir sa famille. Pour cela Mama rendra grâce aux Missionnaires catholiques. Elle devint sage-femme au service de Santé de la ville de Johannesburg à partir de 1954. Elle supportera l’affront de se rendre dans des townships poussiéreux, à pied, en portant sur la tête ses instruments de travail dans une grosse valise, comme les femmes qui dans les zones rurales portent des seaux d’eau sur la tête. C’est en 1941 qu’elle épousa Walter Sisulu qui, lui aussi, militait au sein de l’ANC. En 1944 à Johannesburg, Mama Sisulu était la seule femme membre de la Ligue de la Jeunesse de l’ANC. Elle devint ensuite membre de la Ligue des femmes de l’ANC et de l’ANC. Elle se révéla excellente organisatrice et perfectionna ses compétences en s’intéressant aux questions liées à l’enfance, aux droits et à l’éducation, notamment lorsque le régime raciste, sous la houlette de l’architecte de l’apartheid, Hendrik Verwoed, décida, en 1953, de mettre en place une éducation bantu, c’est-à-dire l’abandon de l’éducation pour tous au profit du développement séparé. Le Parti Nationaliste et la philosophie Verwoed se résument parfaitement dans cette citation : «  Les Noirs ne devraient jamais connaître les verts pâturages de l’enseignement, et en particulier ceux des sciences et des maths. Ces Bantus doivent savoir que leur condition est d’être coupeurs de bois et des porteurs d’eau ».

Verwoed était le diable incarné. Il systématisa tout ce que les anciens colonisateurs n’avaient pas osé faire. C’est sous Verwoed que les puissances occidentales ont fermé les yeux sur les injustices, l’expansionnisme et l’occupation. L’Occident a regardé faire cela avec indifférence et a tacitement soutenu l’enracinement de l’apartheid dans cette partie du monde au motif d’endiguer le communisme et l’Union soviétique.

Verwoed fut encouragé par cette indifférence et ce soutien et a étendu ces pratiques lorsqu’il fut Premier ministre de 1958 à 1966. Jusqu’à sa mort, il a mis en place de nouvelles lois, notamment l’interdiction des mariages interraciaux, la Loi sur l’Immoralité, le « Group Aeras Act », les « pass laws » et l’usage séparé des installations publiques …ce sont ces lois qui ont forgé la détermination de Mama Sisulu à combattre et détruire l’apartheid. En 1954, Mama Sisulu figurait parmi les fondateurs de la Fédération Sud-Africaine des Femmes qui a fédéré sous son aile de nombreuses organisations les encourageant à résister et combattre les lois iniques de l’apartheid. Elle figurait parmi les dirigeants de la Marche des 30 000 femmes qui se sont rendues devant le siège du pouvoir, l’Union Buildings, pour protester contre l’obligation faite aux femmes de porter des papiers pour circuler. Elle a assisté au lancement de la Charte de la Liberté à Kliptown. Sa maison était devenue une ruche, elle s’était même transformée en classe pour enfants comme alternative à l’éducation bantu.

Son mari, en tant que Secrétaire Général de l’ANC, était le moteur du mouvement. Il passait le plus clair de son temps loin de la maison et elle a dû élever ses enfants tout en poursuivant son métier d’infirmière et la lutte. Elle fit des allers et retours entre chez elle et la prison, sa maison fut perquisitionnée constamment et la situation s’empira lorsque l’ANC fut interdite et ensuite lorsque la direction du mouvement, dont son mari Walter Sisulu faisait partie, fut emprisonnée pour trahison en 1964.

Cette femme fut témoin de toute la brutalité du système d’alors. Elle fut emprisonnée avec son fils, sa fille fut arrêtée en vertu d’une soi-disant loi anti-communiste, puis d’une loi anti-terroriste et enfin en raison de la loi sur la sécurité intérieure. Tout cela la décidera à choisir l’exil.

Avec le haut-commandement de la branche armée de l’ANC, la branche militaire emprisonnée et tous les mouvements frappés d’interdiction, Mama Sisulu continua à organiser la lutte des femmes et des jeunes. Elle fut une grande source de force, d’espoir, de savoir et d’encouragement. Avec toutes les femmes du Haut Commandement de l’Umkhonto Wesizwe et de l’ANC elle permit à l’ANC de vivre et de montrer la voie aux jeunes générations. Leurs efforts communs, conjugués à d’autres facteurs, déclenchèrent le soulèvement des jeunes de 1976. A l’époque, elle était persona non grata et ne pouvait assister aux rassemblements, ne pouvait approcher les établissements scolaires ou les autres établissements publics. Elle élevait ses enfants seule, elle était soutien de famille au sens large, servant de mère à la nation toute entière. Elle a pris des risques immenses, y compris celui de perdre sa licence professionnelle. Heureusement, ce ne fut pas le cas malgré la prison, le harcèlement et notamment les accusations de trahison.

La vie de Mama Sisulu est l’incarnation de la droiture et du courage. Malgré sa modestie, elle a fait preuve d’une grande intelligence et s’est avérée, tout comme son mari, un excellent stratège. Des milliers de jeunes, y compris ses propres enfants, ont grossi les rangs de l’Umkhonto We siswe et de l’ANC. Grâce à son opiniâtreté, de nombreux jeunes se sont impliqués dans la lutte clandestine afin de soutenir ou de participer au combat contre apartheid et ses agents.

On peut dire que Mama Sisulu était sans conteste une véritable révolutionnaire. En tant que membre et dirigeant de l’ANC et de sa section féminine elle a été au premier rang de la restauration de la Ligue des Femmes de l’ANC dont elle est devenue la vice-présidente.

En 1994, elle figurait parmi les premiers députés ANC et eut ainsi l’honneur, en siégeant dans un parlement qui depuis des lustres était aux mains des racistes, de nommer Nelson Mandela premier Président démocratiquement élu de l’Afrique du Sud. Ce fut la première étape dans la transformation du parlement et la fin des lois de l’apartheid.

L’amour de Mama Sisulu pour les enfants et leurs doits fut récompensé avec la fondation, en 1990, du Comité des Droits de l’Enfance qu’elle pilota en réponse aux humiliations, à la répression, à l’emprisonnement arbitraire, à la violence et la torture que subissaient les enfants à l’époque. Elle a poursuivi son travail de parlementaire et a œuvré pour un traitement particulier en faveur des enfants.

Nous garderons de Mama Sisulu le souvenir d’un dirigeant digne, discipliné, unificateur et humble. Elle n’a pas cherché à distinguer ou isoler les masses noires oppressées pour des raisons idéologiques ou sur la base de l’appartenance politique et elle a, par exemple travaillé avec le Dr Asvat de l’AZAPO. Elle nous a appris l’unité et la discipline afin que nous puissions atteindre notre objectif. C’est ainsi que lors de son décès, même ceux qui avaient soutenu l’apartheid comme George W. Bush, Margaret Thatcher et beaucoup d’autres en Occident, ont rendu hommage à cette femme de courage et à ce dirigeant authentique de la lutte contre l’apartheid.

Nous l’honorons et la remercions pour la manière désintéressée et droite avec laquelle elle a dirigé notre combat tout au long de sa vie et nous nous engageons à suivre son exemple et s’inspirer des qualités dont elle a fait preuve.

Il n’est nul besoin de présenter ni de faire de longs discours sur Tata Nelson Rolihlahla. Chacun d’entre nous connaît sa vie ou une partie de celle-ci. Je serai d’autant plus bref que nous allons voir le film produit par Anant Singh et insipré de la vie de Mandela : « Un Long Chemin vers la Liberté ». Je pense que ce film reflète bien ce qu’était Mandela. Laissez-moi juste évoquer quelques éléments de la vie de ce géant de notre révolution. Issu de la famille royale des Tembu au Transkei, avocat de profession, Nelson Mandela fut membre fondateur de la Ligue des Jeunes de l’ANC en 1944, volontaire pour conduire la campagne de défiance de 1952 et premier commandant-en-chef de la branche armée de l’ANC, l’Umkhonto we Siswe en 1961. Accusé numéro un dans le procès pour trahison de l’Umkhonto we Siswe, c’est à cette occasion qu’il a prononcé, au moment de la sentence en 1964, cette phrase devenue célèbre « J'ai combattu la domination blanche et j'ai combattu la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et que j'espère accomplir. Mais si nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Mandela a vécu et a réalisé cet idéal.

En 1994, il est devenu le premier président et commandant-en-chef d’une Afrique du Sud libre et démocratique après 27 années passées en prison. Sans amertume, il a pardonné à ses geôliers et a appelé certains d’entre eux dans son gouvernement, notamment F.W. De Klerk. Il n’accomplit qu’un seul mandat et se retira de la politique jusqu’à sa mort en 2013. Il fut un grand dirigeant, salué dans son pays et dans le monde entier. Nous eûmes la grande chance de l’avoir eu pour fondateur et dirigeant de notre démocratie.

Les leçons que nous avons apprises de Madiba peuvent se résumer ainsi : la croyance en un idéal et le fait que le plus grand acte d’humanité est de diriger avec désintéressement, dévouement et éthique.

Le meilleur hommage que nous puissions rendre à Madiba est de travailler à l’aboutissement de ses idéaux qu’étaient une Afrique du Sud non-raciale, non-sexiste et prospère et un monde en paix avec lui-même. Cet idéal n’est pas encore achevé, mais nous nous engageons à contribuer à sa réalisation.

Regardons « Un Long Chemin vers la Liberté » et cherchons en nous-mêmes l’esprit de Madiba ».

Le film « Mandela : Un long chemin vers la liberté » projeté à l’issue de ce discours retrace le parcours exceptionnel de Nelson Mandela jusqu’à son élection. Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Tembu, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des dirigeants de l’ANC. Son arrestation le sépare de Winnie, l’amour de sa vie, qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC. À travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement. Inspiré de l'autobiographie du Prix Nobel de la Paix, « Un long chemin vers la liberté », initiée en 1974 au pénitencier de Robben Island, ce film a notamment reçu le Prix de la Meilleure Chanson pour « Ordinary Love » de U2 aux Golden Globes 2014
Titre original : Mandela : Long Walk to Freedom de Justin Chadwick (2013), Durée : 2H19 mn


Commémoration du Centenaire de Nelson Mandela et Albertina Sisulu a l’UNESCO - 22 juin 2018

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